Économie mondiale : la rechute ?

-5,35% à Paris, -4,70% à Frankfort, -4,61% à Tokyo, mais surtout -8,49% à Shanghai… Ce lundi 24 août fut, selon les termes du très sérieux FT (Financial Times) un « black Monday ». We must be prepared that it’s going to get worse because a major bear market is now clearly underway : « on doit se préparer à ce que les choses empirent, car maintenant se profile, en toute clarté, un marché fondamentalement baissier », annonce, sans ambages, The Aden forecast, une des « lettres financières » les plus influentes de États-Unis.
Alors que s’est-il passé ? Simplement que LA principale locomotive de l’économie mondiale se grippe : avec 4% de croissance (chiffre qui ferait rêver les économies européennes !), la Chine entre en récession (techniquement une baisse consécutive sur deux trimestres du produit intérieur brut). Or la Chine, à elle seule, constitue 10% du PIB mondial ! La raison essentielle en est que la consommation des ménages n’arrive plus à suivre l’emballement de la production. En particulier, une bulle immobilière s’est créée avec un taux de vacance (c’est-à-dire de logements construits et non vendus) de 20%.
Les analystes – et les gouvernements ! – européens se veulent rassurants : « les marchés ont cédé à l’irrationnel », tempère Éric bourguignon, chef économiste à AM Swiss Life ; « réaction excessive » lâche tel autre de ses collègues, en haussant les épaules. Il reste que l’analyse graphique, l’étude de l’évolution des bourses sur la longue durée n’incite pas à l’optimisme, ainsi l’indice DAX de la bourse de Frankfort (un exemple parmi tant d’autres) (cf.infra source www http://www.boerse.de/langfristchart/DAX/DE0008469008).
On le voit : la crise des subprimes de 2008, si dévastatrice fût-elle, ne représente qu’une infime correction. La purge d’une expansion maladive et artificielle, car reposant sur du crédit facile (taux d’intérêts au plus bas), est loin d’être terminée. Pour qu’elle le soit, il faudrait que les marchés redescendent – au moins ! – jusqu’à leur niveau des années 90. L’autre locomotive de l’économie globale, l’Amérique, elle-même monstrueusement surendettée, ne saurait suppléer à la défaillance de son client et déboucher numéro un. L’Europe, quant à elle, à peine en convalescence, ne peut pas grand-chose…
Il a fallu dix ans et une guerre mondiale pour résorber la crise de 1929 (laquelle ne réagissait qu’à une surchauffe de seulement une décennie). Combien de temps faudra-t-il pour mettre à la diète un monde économique, dont la boulimie dure depuis trente ans ? Et quel en sera le prix ? Ce qu’on appelle « économie de l’offre » – des coûts de production toujours moindres avec des salaires gelés, compensés par des crédits attractifs – montre ainsi ses limites. A une croissance artificielle – en vérité, plus virtuelle que réelle – répondent, comme en écho, des crachs non imaginaires, eux. Non, la fin de la crise n’est pas là, seulement le commencement de la fin…
- Lu: 1976
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Commentaires (2)
Martine L
La croissance chinoise ( car, c'est la Chine, plus que les autres émergents qui avait établi cette venimeuse croissance ) est en chute ; on peut dire : tant mieux ; régulation en vue ? Retour de nos industries délocalisées, partage intelligent d'un qui fait quoi, dans une mondialisation demain, plus humaine ? Du désordre peut sortir un nouvel ordre.
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Jean-François Vincent
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