La paternité matricielle

Il y eut récemment une polémique concernant l’introduction dans certains manuels scolaires de SVT (Sciences de la Vie et de la Terre) de ce que l’on appelle les « gender studies », c’est-à-dire une interrogation sur l’identité sexuelle au niveau psychologique : la différence est-elle intrinsèque et sui generis ? Ou est-elle construite par la société ? Est-on homme/femme par nature ou de par la culture ? L’essentialisme défendu par l’Eglise catholique se heurte à l’observation empirique qu’il y a des femmes très « viriles » et des hommes très « femme ».
Bref, la cause est entendue : on ne naît pas femme, on le devient… Sauf, dit le consensus, dans un domaine très particulier, un domaine où le « différentialisme » reprend tous ses droits. Ce domaine se nomme, en anglais, le « nurturing », mot difficilement traduisible qui inclut l’éducation mais aussi la nutrition, le fait de nourrir au propre et au figuré, les mille et une attentions qu’un bébé requiert et sollicite. En un mot, c’est la femme qui a la haute main sur la petite enfance ; et ce véritable matriarcat affectif se moule parfaitement dans le schéma canonique qui régit (ou devrait régir) les relations familiales : le père tenant le rôle du tiers qui s’interpose entre la mère et l’enfant, mettant fin à la fusion et ouvrant ainsi le champ aux autres et à la Loi.
L’homme (le père, mais pourquoi pas l’enseignant(e), le grand-parent, le nouveau compagnon à l’intérieur d’une famille « recomposée » ?) se voit, par là même, réduit à la fonction de « sur-moi ».
Il s’agit, bien sûr, non de la réalité mais de la représentation de celle-ci, telle qu’elle persiste dans les mentalités. La Bible insiste, au contraire, sur le caractère matriciel, utérin de la paternité. La miséricorde divine se dit, en hébreu, « rahamim », les boyaux, les entrailles, d’où la très juste traduction « entrailles de miséricorde », mais également « tendresse ». « Sans fin je te manifeste une tendresse », dit Dieu à son peuple (Es 54,8). Pour Saint Paul (Gal 4,19), l’engendrement spirituel revêt un caractère quasi obstétrical : « mes petits-enfants pour qui je souffre les douleurs de l’enfantement jusqu’à ce que Christ soit formé en vous ». La paternité matricielle, maternante, « nurturante » existe bel et bien : dans certaines familles, c’est le père qui nourrit, c’est le père qui soigne et console, c’est dans ses bras qu’on se blottit, c’est aussi « papa » et non seulement « maman » qu’on appelle en pleine nuit quand quelque chose ne va pas.
L’interchangeabilité des parents est une réalité dans les faits, dommage qu’un certain sexisme inversé continue à obscurcir les esprits… L’égalité, la vraie, passe aussi par l’égalité au sein du couple.
Jean-François Vincent
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Commentaires (4)
gilles.josse@orange.fr
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Danielle Alloix
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Mélisande
le reste c'est l'Histoire.. Souvent écrite dans le dominant dominé,avec quelques petites amertumes des femmes qui font payer aujourd'hui ce qu'elles ont subi pendant des générations, solidarité mère fille oblige, et domination masculine comme un pitoyable aveu d'impuissance existentielle.
on peut être dans sa fonction de père avec tendresse, mais clarté, et assumer ce rôle de représentant de la loi , c'est effectivement son rôle de séparer l'enfant de la mère, et de l'inviter à se construire, On voit aujourd'hui ce que provoque l'absence du père dans l'imaginaire délirant et tout puissant de certains ici et là.
il faut que la mère accepte d'être une femme, mais devra être , dans sa constitution psy, aimée d'un père qui l'aimera en tant que fille et non pas comme fils imaginaire. La mère doit elle-même avoir été reconnue par son père (même de façon courte, c'est l'imprégnation énergétique qui compte) le problème c'est que cela ne se passe jamais vraiment comme ça! Chacun ne s'est pas senti aimé comme il aurait dû avec ces deux apports substantiellement différents et complémentaires: la nourriture maternelle énergétique d'une femme qui s'aime comme femme, avec chaleur, douceur, et la présence d'un père masculin qui n'a pas besoin d'être là à demeure, car il a une fonction symbolique, il relève du ciel, du spirituel.
La femme et l'homme sont deux entités cosmiques qui doivent s'AIMER, c'est à dire accepter le rôle que chacun a à jouer sur terre et auprès de l'enfant, mais la souffrance et les non dits qui passent de génération en génération , font que chacun envie l'autre, veut sa place, et cela donne souvent de bonnes guerres!les enfants font les frais souvent inconscients de ces guerres intestines dans le couple.
Le bonheur serait un père qui est féminin à l'intérieur, une mère qui soit masculin à l'intérieur, c'est le sens ésotérique des couleurs des personnages du tarot de Marseille , bleu et rouge. L'histoire nous montre, dans le sang, que nous sommes sur ce chemin mais que l'enjeu est fort!
Parfois dans certaines familles simples, et traditionnelles, tout cela existe : cela donne des enfants plein de vie et très équilibrés, c'est l'harmonie du couple qui fait cela, car l'enfant est fait de ces deux polarités qui encore une fois sont cosmiques, les conséquences sociales n'en sont que l'effet.
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Jean-François Vincent
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