Travaux Pratiques de théologie

S’il se trouve encore quelques pauvres Abandonnés, voici pour eux un exercice simple qui leur apportera la preuve de l’existence ou de la non existence de Dieu.
Qu’ils m’attrapent, me pendent par les pieds et m’égorgent, non sans m’avoir assez proprement assommé, car comme vous l’allez voir, il est de première importance que je ne gueule pas comme un cochon.
Il faut être au moins quatre, et très concentrés.
Ces conditions réunies, écoutez bien.
Ecoutez bien.
Ecoutez si, portées sur le filet de mon sang, vous entendez quelques notes de musique.
Ecoutez bien.
Si vous n’entendez rien, rien d’autre que le bruit du sang dans le récipient (les sons formés par la chute des premières gouttes sur le cristal ne compte pas, il faut que ces notes sortent manifestement de l’intérieur de moi) si vous n’entendez rien c’est que Dieu existe.
Car il est impossible qu’un homme imprégné comme je le suis de musique soit saigné sans laisser échapper une note, comme il est impossible qu’une éponge imprégnée d’eau n’en rende à l’étreinte.
Je ne vous apprends pas qu’on ne voit pas seulement avec les yeux, qu’on n’entend pas seulement avec les oreilles, mais que les yeux et les oreilles sont des outils qui permettent de voir et d’entendre avec le corps entier, avec toute les parties du corps, avec tout son âge, et que sans intervention divine il est impossible que le sang qui circule partout ne porte aucune trace de musique lorsqu’on a partout entre chair et peau, et os et chair, entre moelle et os, des accents de violons injectés à profondeur d’archets.
Il faut, pour que des choses ainsi confondues ne se mêlent pas, l’interposition d’une puissance radicale. Il faut un grand ordonnateur qui les classe et veille sans cesse à ce qu’elles restent dans leur classement.
Si vous n’entendez pas de musique, vous êtes désormais éclairés, Dieu existe. Toutefois si vous en entendez, n’y voyez pas une preuve suffisante de son inexistence. Ceci dit pour les esprits empreints d’une forme rustique de rationalisme qui voudrait qu’une démonstration contrariée confirme le contraire de l’hypothèse dont on recherche la confirmation. La science ne fonctionne pas de cette manière.
NB : L’expérience faite, et avant de courir les routes pour annoncer la bonne nouvelle – si bien entendue elle est avérée – je vous prie de tempérer un instant votre enthousiasme, le temps de me décrocher et de me porter en terre avec les honneurs dus à mon rang d’inventeur des TPT.
Eric Thuillier
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Commentaires (4)
myriam
Saint Augustin disait : « Ce qu’il y a de bon en moi est ton œuvre et ta grâce, ce qu’il y a de mauvais en moi est ma faute et ton jugement »
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eva talineau
Tout de même, j'espère que vous ne trouverez pas trop vite vos quatre acolytes pour tenter l'expérience, nous ne sommes pas si pressés de savoir..
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Jean-François Vincent
Ceci pour dire que l’existence – ou l’inexistence – de Dieu ne se prête pas à la démonstration ou à la preuve : on est dans le domaine non de la science, mais de la foi, de la conviction, donc, dirait Platon, de l’opinion. Au fait, « doxa », en grec , signifie « opinion », mais aussi….Gloire ! La « shekinah » de Dieu n’est pas si loin !
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Mélisande
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