Recension du livre de Daniel Sibony, De l’identité à l’existence, l’apport du peuple juif, Paris, 2012.
Ce qui frappe dans le livre de Daniel Sibony, c’est la ternarité du cycle qui va de l’identité à l’universalité. Au commencement, il y a l’être, l’être humain comme l’Être divin. Sibony, à cet égard, fait un gros contresens herméneutique : le « Je suis Celui qui est » de la Genèse n’est pas « l’Être » abstrait et impersonnel, à la manière d’un Saint-Thomas d’Aquin, qui « définit » Dieu comme un « actus purus essendi », l’Être en acte, l’Être par excellence ; c’est, au contraire, un être personnel : le « Je » compte ici autant, voire même plus, que le « suis » ! Mais, soit ! L’être donc, de l’homme comme de Dieu, est le socle, l’origine de tout et de tous. Cette identité est confortable mais incarcérante, elle est amour mais aussi « esclavage de ce que l’on est » ; et cet esclavage est perçu comme une faille, une tension ad extra, qui pousse à ex-sister, à sortir hors de ce que l’on est pour se confronter à l’extérieur, et ainsi se transformer. Ensuite, après être sorti de soi et avoir intégré l’altérité, on peut rentrer, revenir d’où l’on était parti, enrichi.