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Réformes à l’école ou éducation des élèves ?

Depuis quarante ans, l’Ecole a connu des bouleversements et s’est considérablement améliorée. La question de la rentabilité de l’école occupe pourtant le devant de la scène. Ses résultats semblent en effet en baisse et l’échec scolaire, loin de diminuer, s’accroît. Après les multiples réformes à l’école, il est toujours possible d’en proposer d’autres et même de procéder à « une refondation de l’Ecole », mais ne faudrait-il pas plutôt changer l’angle d’attaque ? Ne serait-il pas primordial, pour pouvoir instruire les élèves, de s’intéresser d’abord à leur éducation ? Les « réformes » à proposer sont alors plus délicates mais n’est-il pas temps de le faire ? Il est peu probable que l’élève, de milieu aisé ou défavorisé, soit moins intelligent que ses prédécesseurs. Devenu le centre du système scolaire, il se peut, par contre, qu’il soit de moins en moins motivé. De multiples réformes ont pourtant été adoptées pour rendre plus intéressants et plus efficaces les apprentissages. Et quels en sont les résultats ? Non seulement ceux-ci ne sont pas positifs mais la motivation des élèves paraît inversement proportionnelle à l’amélioration de leur condition de travail ! Les nouvelles méthodes, seraient-elles en cause ? Celles-ci sont certainement perfectibles mais sont sûrement bien meilleures que celles utilisées autrefois. Elles devraient donc apporter, au moins, un petit progrès, mais ce n’est pas le cas ! Ne serait-il pas alors nécessaire d’oser franchir le pas et de se demander s’il n’y aurait pas d’autres causes au malaise scolaire. Il se pourrait effectivement que les réformes aient des effets pernicieux et que ceux-ci ne se trouvent pas dans les méthodes elles-mêmes mais dans les motivations et l’attitude de ceux qui tiennent à les mettre en pratique ! A force de vouloir changer, en invoquant le fait que les conditions de travail sont toujours mauvaises, que les méthodes d’enseignement sont toujours inadaptées, que les enseignants sont mal formés, les élèves (alors très attentifs) trouvent en effet dans ces réquisitoires de bonnes raisons de ne pas être motivés et ainsi d’attendre pour faire l’effort de travailler. Comment, d’ailleurs, pourraient-ils en avoir envie quand ce qu’ils entendent à la maison, dans les médias et même parfois dans la bouche de responsables de l’Education Nationale est soit une critique des enseignants qui ne seraient pas assez compétents, intéressants, modernes, attentifs, aimants, soit une dénonciation de l’école elle-même qui serait trop ennuyeuse, trop ou pas assez exigeante, trop inefficace, trop injuste, trop inégalitaire et même sexiste… L’échec de certains élèves à l’école n’est d’ailleurs plus leur échec mais devient l’échec de l’école, comme si le fait de s’inscrire à l’école, qui rappelons-le n’est pas une obligation mais un service, donnait le droit aux diplômes. Il est ainsi demandé à l’élève d’écouter des enseignants auxquels peu d’adultes sont prêts, aujourd’hui, à accorder du crédit. S’il ne les écoute pas il est blâmé de ne pas obtenir les résultats scolaires tant attendus et s’il les écoute il est ridiculisé de se soumettre à des personnes qui ne le mériteraient pas. Alors que les méthodes traditionnelles ont pu être accusées d’occasionner des névroses en étant parfois extrêmement traumatisantes, il se pourrait que la société actuelle soit très déstabilisante pour notre jeunesse et que la confrontation régulière à cette injonction paradoxale, totalement perverse, favorise les psychoses ! Est-ce alors si surprenant de trouver les pays de l’Asie de l’Est en tête du classement PISA ? De même les étudiants originaires de cette région du monde sont ceux qui réussissent le mieux dans les universités américaines alors qu’ils suivent les mêmes méthodes que les autres. La différence tient à ce que ces pays ont conservé dans leur culture un immense respect des « anciens » et donc des maîtres alors qu’au contraire, en occident, nous avons cultivé, par « jeunisme » et égalitarisme, la critique de ces derniers, au point que le mot « maître » est lui-même devenu tabou. Pour pouvoir profiter de l’enseignement d’un maître, il y a, en effet, la nécessité de le respecter. Non pas à cause d’un charisme dont il faut toujours se méfier mais parce que sa fonction d’éducation, indispensable pour pouvoir instruire, est valorisée et que les parents lui donnent l’autorité dont il a besoin. Il faudrait bien sûr pour cela que les parents eux-mêmes soient écoutés par leurs enfants, non pas simplement par affection mais par devoir, parce qu’ils représentent la loi. A l’école comme dans la famille, parce que la fonction éducative s’est souvent transformée en autoritarisme pendant des siècles et que la fonction de père a été détournée pour inférioriser la femme, l’autorité est suspectée et des « pédagogistes », dans la réaction, continuent de « jeter le bébé avec l’eau du bain ». Confondant humanisme et humanitaire et dictés par la compassion ou le désir de plaire, ils adoptent une attitude « maternante » et complice en écoutant les envies et les doléances de l’enfant, quand ils ne le soutiennent pas contre l’enseignant. Ce dernier à qui n’est plus donnée la fonction symbolique de père est réduit au rôle de mauvais serviteur de l’enfant-roi. Et pourtant, les fonctions symboliques de père et de mère, considérées à tort comme sexistes, doivent être jouées, à l’école comme dans la famille, pour que les enfants puissent être véritablement éduqués. « Sans père et sans repère », n’ont-ils pas des difficultés à intégrer les limites ? Ne deviennent-ils pas très souvent « hors la loi », incapables d’assumer la moindre frustration et d’accepter la moindre contrainte ? Comment, dans ces conditions, pourraient-ils aimer l’école (si ce n’est pour s’amuser avec les copains), alors que celle-ci ne cesse de leur demander ce qui est obligatoire pour pouvoir apprendre : faire des efforts et respecter des règles, celles de l’orthographe, de la grammaire, du calcul, de la discipline… ? S’il n’est pas question de revenir en arrière à des méthodes peu performantes et inhumaines, est-ce en maintenant nos enfants dans un cocon fusionnel et en continuant d’en faire des enfants-rois, qu’ils apprendront à travailler et à devenir des citoyens, adultes, responsables, capables de faire vivre la démocratie ?   Mon prochain essai qui devrait paraître bientôt pourrait avoir comme sous-titre : «  Pour que nos enfants puissent apprendre à l’école  ».   Jean Gabard Auteur conférencier relations hommes/femmes, éducation des enfants Animateur à Radio d’Ici : http://radiodici.com Thorée 42520 Maclas Fr. Tél : 04 74 58 11 51 Portable : 06 45 28 66 81 jean.gabard@gmail.com Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. 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